14. Romer versus Rohmer

Romer, ce nom ne vous dit pas quelque chose ? Oui, cela vous rappelle Eric Rohmer, un réalisateur rattaché à un cinéma que certains ont tendance à opposer à celui défendu par "Midi-Minuit Fantastique" ! Gare aux confusions et aux gaffes !

"Ecoutez, j’étais invité il y a quelques temps à faire partie du jury d’un festival de courts-métrages à Metz. Il y avait deux ou trois mille jeunes qui étaient là puisqu’il y avait une université à côté. J’arrive et je me présente en disant : "Je suis Jean-Claude Romer. R-O-M-E-R. Pas comme l’autre, Eric R-O-H-M-E-R." Et il y a un petit jeune homme qui vient vers moi et me prend vers le bras et il me dit : "Excusez-moi mais qui est Eric Rohmer ?" Alors ça m’a fait très plaisir et beaucoup de peine ! Et je me suis aperçu qu’ils ne connaissent pas Truffaut ou Godard. Je parle de ceux qui ont entre quatorze ou quinze ans. Godard, Truffaut, c’est comme les nom de sportifs. On dit : "Ah, oui, le nom est familier mais qu’est ce qu’ils font ? Ils font du tennis ? De la course à pied ? On ne sait pas !" Donc moi, je m’appelle vraiment Romer. R-O-M-E-R. Alors que Maurice Scherer à usurper le nom de Rohmer.
Laissez-moi vous raconter. Il était une fois une dame qui s’appelait madame Scherer qui avait deux fils. L’un qui s’appelait René Scherer et l’autre Maurice Scherer. L’aîné a fait une brillante carrière comme philosophe à la Sorbonne, maître de conférence, etc. Elle aurait souhaité que le cadet suive les traces de l’aîné. Mais le cadet ne s’intéressait vraiment qu’au cinéma. Alors il a commencé à écrire des petits papiers à droite et à gauche mais pour que sa chère maman l'ignore, il a pris un pseudonyme. Il a pris Rohmer, il a mis un "H", je ne sais pas pourquoi et il a mis "Eric" devant. Il a commencé également à fréquenter les gens des "Cahiers du Cinéma". Il a donc écrit pour la revue et a commencé à tourner des films en 16mm pour la télévision. Toujours sous le nom d'Eric Rohmer. Mais voilà qu’il commence à recevoir des prix. Il fallait bien qu’il vienne les recevoir devant les journalistes et les photographes. A ce moment là, il arrivait avec un nez de clown, des moustaches à la Groucho Marx et des lunettes avec des yeux qui ribouldinguent pour décourager les photographes qui baissaient les bras. Donc, on ne connaissait pas le visage d’Eric Rohmer si on n’était pas dans le milieu. Alors que tout le monde connaît la tête de Chabrol, la tête de Truffaut...
Une autre anecdote, vous savez qu’il aime bien recruter de petites jeunes filles pour ses films. Une fois, il était à la sortie d’un collège dans son vieil imperméable. Il n’est plus tout jeune, le pauvre. Et il revenait tous les matins pour repérer des filles qui pourraient jouer dans son prochain film. Au bout de deux ou trois jours, il y a deux inspecteurs qui l’ont attrapé et qui l’ont amené au commissariat. Il dit "Je suis Eric Rohmer." Mais oui, bien sûr! Il a fallu qu’on téléphone aux Films du Losange - c’est eux qui m’ont raconté ça - pour qu’on aille le chercher.
Maintenant, c’est très bien ce qu’il fait. Il y a des films formidables. Et puis c’est un homme très gentil !
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Dossier réalisé par
Emmanuel Denis
Remerciements
Jean-Claude Romer